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Comprendre l’emprise d’un pervers-narcissique pour s’en libérer

par | 14/10/2022 | Pervers-narcissiques

Ce qui paralyse la victime d’un pervers-narcissique (PN) est qu’elle ne comprend pas comment elle a provoqué le traitement qu’il lui inflige ni pourquoi elle le mérite. Voyons les sept étapes de ce curieux mécanisme dévastateur, qui, induit par la folie du PN, va progressivement contaminer la victime, mais finira par se retourner contre le PN.

1/ Un malentendu dès le départ savamment orchestré par le PN qui ne dévoile pas son niveau d’exigence

Le PN s’impose tout de suite dans sa relation avec la victime comme le dominant en décidant unilatéralement comment elle doit se comporter avec lui pour correspondre à ses attentes et être considérée comme une « bonne personne » et ainsi mériter qu’il s’intéresse à elle et investisse en elle (du temps, de l’argent…). Elle n’a surtout pas conscience du fait qu’elle a affaire à un redoutable prédateur qui va progressivement et subrepticement essayer de faire d’elle son esclave.

Le problème est que le PN souffre d’un grave trouble de la personnalité qui altère son jugement, selon lequel le plaisir des autres personnes ne rentre absolument pas en ligne de compte : on est exclusivement à son service et on doit se sacrifier pour lui plaire (ou ne pas le décevoir) pour le rendre heureux en renonçant à son propre plaisir. Les autres lui doivent tout alors qu’il ne leur doit rien… Ce qui explique que si on ne se plie pas exactement à ses exigences, il s’estime légitimement fondé à vous punir.

2/ La victime va rapidement l’agacer et le décevoir

La victime, ignorant ce que le PN attend vraiment d’elle, qui n’est pas propice à son propre épanouissement, ne peut adopter spontanément un comportement en corrélation avec le niveau d’exigence du PN. Elle a même tendance naturellement à adopter un comportement qui, bien que compatible avec ce qu’elle a compris des attentes du PN, va néanmoins furieusement l’agacer : elle n’est pas corvéable à merci, ne cédant pas à tous ses caprices : elle peut par exemple côtoyer des personnes avec qui elle va passer du bon temps et s’épanouir (alors que le PN exècre le bonheur des autres qui l’angoisse) ; elle a d’autres priorités dans sa vie, auxquelles elle n’envisage pas de renoncer, puisqu’elle n’en perçoit pas l’incompatibilité avec les exigences secrètes du PN.

3/ Paranoïaque, le PN va s’imaginer que la victime le fait exprès pour le défier. Se victimisant, il va penser qu’il s’est fait avoir

Le PN va commencer à nourrir un ressentiment à l’égard de la victime et à la juger en lui prêtant des intentions qu’elle n’a pas (il est le champion des procès d’intention) tout en la rendant responsable de la frustration qu’elle génère en lui à son insu. Elle ne l’aide pas à être heureux et participe même à une partie de son malheur, en le contrariant involontairement. Elle le déçoit et il va commencer à penser qu’elle n’est pas digne de sa confiance et/ou qu’elle ne mérite pas les investissements qu’il a mis en œuvre pour elle et qu’elle doit donc être sanctionnée pour cela. La moindre déception qu’elle lui cause va effacer tout le bien qu’il pensait d’elle jusque-là, annulant tout l’effet positif des nombreux efforts qu’elle a déjà fournis pour le satisfaire.

4/Il décide (inconsciemment) de passer à la sanction

La sensation d’avoir été trahi, ou simplement d’être déçu alors qu’il avait idéalisé sa victime, va entrainer la décision de la sanctionner mais il n’a pas conscience de cette étape qui s’opère à son insu automatiquement dans son esprit. A ce stade il est incapable d’entrevoir une autre possibilité que de la punir, agissant comme une machine programmée. S’il était capable de prendre conscience qu’il a alors le pouvoir de ne pas appliquer de sanction, cela remettrait en cause la façon dont il a interprété tous les événements contrariants de sa vie et tout ce sur quoi il a échafaudé son système de pensée et de croyance.

Il serait alors obligé de reconnaître qu’il a commis de nombreuses erreurs d’analyse et fait beaucoup de mal dans sa vie en provoquant nombres d’injustices pour des mauvaises raisons et sans que ce soit justifié. Il ne le supporterait pas car cela n’est absolument pas compatible avec l’idée qu’il se fait de lui-même d’être une personne remarquable et supérieure, du fait de son ego hypertrophié.

5/ Il inflige la punition

Il met en œuvre la sanction : petite au début de la relation (distance/silence radio, reproche, culpabilité, réprimande) puis de plus en plus dure (dénigrement, insulte, coup). Il va ruminer un certain temps pour attendre le moment le plus opportun pour appliquer la punition.

6/ Le déni de la responsabilité et la disproportion de la sanction

Il impute à sa victime l’entièreté de la responsabilité de tout le processus sans se remettre en question le moindrement du monde, alors que la sanction est complètement disproportionnée par rapport à la faute supposée de la victime que celle-ci ne comprend pas et/ou dont elle ne s’impute absolument pas la responsabilité non plus (ou que très partiellement).

Le PN juge la victime seule responsable de la sanction car dans son esprit perturbé c’est uniquement elle qui l’a provoquée. Paranoïaque, il interprète le fait que la victime refuse d’admettre qu’elle a agi intentionnellement comme une preuve de sa malveillance à son égard.

7/ Le résultat dans l’esprit de la victime va progressivement mener le PN à sa perte

La disproportion est telle entre l’erreur qu’a commise la victime involontairement (que le PN analyse comme une véritable faute intentionnelle de sa part), et la dureté de la sanction infligée en réprimande, que cela va créer inconsciemment en elle deux sentiments contradictoires qu’elle ne parviendra pas à départager, et qu’elle subit inconsciemment, ce qui va participer à troubler son esprit en créant une dissonance cognitive :

  • 1/ D’un côté, de la colère, face à l’injustice dont elle se sent à juste titre victime, mais qu’elle va réussir dans un premier temps à calmer en relativisant et en se résignant
  • 2/ mais de l’autre côté de la culpabilité qu’elle va éprouver en remettant en cause la justesse de sa façon de percevoir les choses, privilégiant celle du PN du fait de l’assurance dont ce dernier fait preuve et de l’ascendant qu’il exerce sur elle : elle va culpabiliser à son égard pour lui avoir causé un tourment si important (à la hauteur de la dureté de la sanction) alors qu’il apparait comme bienveillant avec elle et donc victime lui-même de l’injustice qu’elle lui inflige, mettant ainsi en évidence son ingratitude envers lui. Elle va se remettre en question car si la sanction est légitime, ce dont le PN parvient à la convaincre, c’est que son erreur était de taille, alors qu’elle n’en a absolument pas conscience. Elle va alors douter de ses propres perceptions, dont le PN entretient la confusion en la harcelant par des injonctions contradictoires, ce qui va la projeter dans une insécurité très destructrice la mettant à la merci du PN. Comme elle l’idéalise encore, elle en arrive à douter de sa faculté d’analyse, à se convaincre qu’elle a involontairement mal agi en étant ingrate vis à vis du PN et qu’elle doit donc redoubler de vigilance pour ne plus le décevoir en étant à la hauteur de ses attentes.

Mais étant encore, à ce stade de leurs rapports, dans une situation de dépendance vis-à-vis du PN, c’est momentanément le sentiment de culpabilité qui va l’emporter.

Néanmoins, à la fin de la relation, quand elle aura pris conscience du piège dans lequel elle est tombée, c’est le sentiment de colère qui va finir par l’emporter et c’est tant mieux car c’est l’accumulation de cette colère, et de la frustration à ne pas pouvoir exister, qui lui donnera la force nécessaire pour engager les démarches lui permettant de se libérer définitivement de cette emprise mortifère.

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