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Se venger d’un pervers narcissique : la fausse « bonne idée »

par | 30/09/2025 | Pervers-narcissiques, Psychologique

Article rédigé pour le blog de divorce-consulting.fr

Après une relation avec un manipulateur ou un pervers narcissique, le désir de vengeance surgit naturellement. La colère, le sentiment d’injustice et l’incompréhension face à l’impunité apparente de celui qui nous a fait tant de mal alimentent cette envie de « lui rendre la monnaie de sa pièce ». Cette pulsion, aussi légitime soit-elle dans son expression émotionnelle, constitue pourtant un piège redoutable qui risque de prolonger votre souffrance plutôt que d’y mettre fin.

Face à cette problématique fréquente lors de séparations conflictuelles, notamment celles impliquant des dynamiques manipulatoires, cet article propose une réflexion approfondie sur trois dimensions essentielles : comprendre la tentation vengeresse et ses manifestations, identifier les mécanismes psychologiques qui l’alimentent, et enfin découvrir une voie de sortie constructive qui préserve votre intégrité et favorise véritablement votre reconstruction.


I. La tentation de la vengeance : un désir légitime mais dangereux

L’appel irrépressible de la justice personnelle

Lorsqu’on sort d’une relation toxique avec un pervers narcissique, le besoin de réparer l’injustice subie devient quasi viscéral. Cette quête de réparation pousse à vouloir « obtenir réparation » et « rendre la monnaie de sa pièce ». Ce désir trouve sa source dans une souffrance profonde : on a été dupé, humilié, diminué. On s’est senti vidé de son énergie vitale tandis que le manipulateur semble continuer sa vie comme si de rien n’était.

Le trouble de la personnalité narcissique se caractérise par un sujet qui agit comme un prédateur, laissant derrière lui des victimes qui peinent à se faire reconnaître comme telles. Ce trouble se caractérise par une tendance omniprésente à la mégalomanie, au besoin d’adulation et au manque d’empathie, créant chez les victimes un sentiment d’incompréhension totale face à l’absence de remords ou de conscience du mal causé.

L’impossible reconnaissance du préjudice

Le désir de vengeance s’intensifie d’autant plus que le manipulateur excelle dans l’art de se victimiser et de retourner les situations à son avantage. La personne qui s’estime lésée se voit souvent nier son statut de victime, que ce soit par l’entourage commun, dans le cadre judiciaire lors d’un divorce, ou même par le manipulateur qui se présente systématiquement comme le martyr de la relation.

Cette dénégation des violences psychologiques subies crée un sentiment d’injustice insoutenable. Voir son bourreau s’afficher avec de nouvelles conquêtes, continuer d’être admiré socialement ou professionnellement, alors qu’on peine soi-même à se reconstruire, génère une révoltante impression d’impunité. C’est dans ce terreau émotionnel que germe l’envie de « faire payer » le manipulateur, de lui faire subir ce qu’il nous a fait subir, ou du moins de détruire cette façade de perfection qu’il affiche.

Les formes que prend la tentation vengeresse

La vengeance peut prendre diverses formes dans le contexte d’une séparation avec un pervers narcissique :

L’exposition publique : révéler sa vraie nature à l’entourage, publier sur les réseaux sociaux des témoignages de ses méfaits, ou tenter de détruire sa réputation professionnelle ou sociale. Cette stratégie vise à faire tomber le masque du manipulateur et à obtenir enfin la reconnaissance de la vérité.

La réplique émotionnelle : lui faire croire qu’on a refait sa vie de manière éclatante, afficher un bonheur ostentatoire pour lui prouver qu’on se porte mieux sans lui, ou chercher à le rendre jaloux en le noyant sous les preuves de notre épanouissement retrouvé.

La bataille juridique : utiliser les procédures de divorce ou de séparation comme un terrain d’affrontement, non plus seulement pour protéger ses intérêts légitimes, mais pour « gagner » contre lui et le faire souffrir à son tour. Cette dimension peut particulièrement compliquer des situations déjà difficiles, notamment lorsque des enfants sont impliqués et que la question de la garde se transforme en arme de guerre.

La vengeance par procuration : monter l’entourage contre lui, alerter ses nouvelles conquêtes sur sa vraie nature, ou tenter de saboter ses projets professionnels ou personnels.

Dans tous ces cas, l’énergie mobilisée reste considérable, et la personne blessée demeure paradoxalement centrée sur son ancien bourreau plutôt que sur sa propre reconstruction.


II. Les ressorts psychologiques de la pulsion vengeresse

Une énergie vitale détournée

Le sentiment d’injustice génère une énergie à double tranchant, aussi destructrice que créatrice selon ce qu’on choisit d’en faire. Paradoxalement, cette soif de vengeance traduit avant tout une pulsion de vie. Elle permet à la personne lésée de se repositionner en tant que sujet capable de s’opposer et de se mesurer à son adversaire, de reprendre un certain pouvoir après avoir été longtemps dans une position de soumission.

Cette énergie considérable, si elle était redirigée vers la reconstruction personnelle plutôt que vers la destruction d’autrui, pourrait devenir un formidable moteur de transformation. Mais dans sa forme vengeresse, elle maintient un lien toxique avec le manipulateur et perpétue la dynamique relationnelle destructrice qu’on cherche justement à fuir.

Le piège de la validation externe

En cherchant à se venger, on recherche souvent inconsciemment une forme de validation : prouver qu’on avait raison, qu’il avait tort, que la souffrance était réelle et légitime. On espère qu’en exposant publiquement ses méfaits ou en le faisant « payer », l’entourage reconnaîtra enfin la vérité et nous réhabilitera dans notre statut de victime.

Ce besoin de validation externe révèle une blessure plus profonde : l’atteinte portée à l’estime de soi par la relation toxique. Le pervers narcissique fait de sa victime un objet à dévaloriser pour mieux se mettre en avant, et cette dévalorisation systématique laisse des traces profondes. La vengeance apparaît alors comme un moyen de restaurer son image, de reprouver sa valeur aux yeux des autres et, surtout, à ses propres yeux.

Pourtant, cette validation externe reste illusoire. D’une part, le manipulateur continuera de se victimiser et de retourner les situations, peu importe les preuves apportées. D’autre part, et c’est le plus important, la véritable guérison ne peut venir que d’une reconstruction interne de l’estime de soi, indépendamment du regard ou de la reconnaissance d’autrui.

La perpétuation du lien toxique

Tout ce qu’on entreprend contre le pervers narcissique, même dans le mal et la violence, suffit à nourrir son ego et lui donne un alibi pour continuer d’attaquer. En effet, les manipulateurs se nourrissent de l’attention, quelle qu’elle soit. Chaque plan échafaudé contre lui, chaque action menée pour le blesser, le maintient au centre de vos préoccupations et prolonge l’emprise qu’il exerce sur votre vie émotionnelle.

Le paradoxe cruel de la vengeance réside dans ce constat : en cherchant à se venger, on offre précisément au manipulateur ce qu’il recherche, un approvisionnement narcissique continu. On reste connecté à lui, on pense à lui constamment, on mobilise son énergie pour lui. La relation toxique se poursuit au-delà de la rupture, sans nécessité ni but constructif, et en partie de notre propre fait.

De plus, en entrant dans une logique de vengeance et de coups bas, on risque de franchir des lignes éthiques qu’on n’aurait jamais imaginé franchir. Se lancer dans la guerre des coups bas avec un manipulateur pervers narcissique, c’est ouvrir la boîte de Pandore et risquer de faire preuve d’une jubilation sadique difficile à enrayer et à assumer. Le manipulateur aurait alors réussi une belle entreprise : nous pervertir à notre tour.

Les mécanismes de la vengeance narcissique

Comprendre ce qui motive le pervers narcissique à se venger aide également à saisir l’inutilité de rentrer dans ce jeu. Les pervers narcissiques se vengent perpétuellement de la personne à l’origine de leur faille d’enfance à travers leurs diverses victimes. Leur paranoïa entretient le délire que le monde entier en a après eux, et ils répliquent avec excès, dans une « réaction archaïque d’hostilité ».

En d’autres termes, le pervers narcissique ne vous voit pas réellement en tant que personne distincte. Vous n’êtes qu’une cible de substitution dans une guerre irrationnelle qui ne vous concerne pas directement. Toute tentative de votre part d’obtenir justice ou reconnaissance ne fera qu’alimenter cette guerre sans fin, car il ne peut tout simplement pas reconnaître sa responsabilité. Son organisation psychique pathologique l’en empêche fondamentalement.


III. La vraie libération : transcender la vengeance

La stratégie du non-contact absolu

La meilleure vengeance, c’est l’absence de vengeance. Et dans le cas spécifique du pervers narcissique, cette vérité prend une dimension encore plus cruciale. Les manipulateurs pathologiques ne peuvent survivre psychiquement qu’en se nourrissant de l’énergie vitale des autres. Cesser de les abreuver constitue donc la seule stratégie véritablement efficace.

Le non-contact ne signifie pas simplement éviter les interactions physiques. Il s’agit d’une démarche bien plus profonde et radicale :

Couper tous les liens de communication : bloquer les numéros de téléphone, les adresses mail, les réseaux sociaux, et refuser tout intermédiaire qui pourrait servir de relais d’information. Dans les situations où le contact est inévitable (enfants communs, procédures judiciaires en cours), limiter les échanges au strict minimum nécessaire et privilégier la communication écrite via des canaux formels.

Cesser de surveiller sa vie : ne plus consulter ses profils sur les réseaux sociaux, ne plus chercher d’informations sur ses fréquentations ou ses activités, ne plus s’enquérir de ce qu’il dit ou fait par l’intermédiaire de connaissances communes. Cette surveillance maintient un lien invisible mais puissant.

Se désintéresser de son opinion : ne plus chercher à savoir ce qu’il pense de vous, ne plus tenter de corriger les mensonges qu’il pourrait raconter, ne plus vous soucier de l’image qu’il véhicule. Cette indifférence authentique constitue l’étape la plus difficile mais aussi la plus libératrice.

Protéger son espace mental : lorsque des pensées le concernant surgissent, les accueillir sans jugement mais les laisser passer comme des nuages dans le ciel de votre conscience, sans s’y accrocher ni les alimenter.

Dans le contexte d’une séparation ou d’un divorce, notamment lorsque des enjeux patrimoniaux ou parentaux sont en jeu, le non-contact peut sembler impossible. C’est précisément dans ces situations complexes que l’accompagnement de professionnels spécialisés, tant sur le plan juridique que psychologique, devient essentiel. Un cabinet comme Divorce Consulting peut vous aider à gérer les aspects légaux de la séparation tout en maintenant la distance émotionnelle nécessaire, transformant chaque interaction obligatoire en échange factuel et dépassionné.

Rediriger l’énergie vers soi

L’énergie colossale mobilisée par le désir de vengeance peut devenir le carburant d’une transformation personnelle profonde. Plutôt que de dépenser cette force vitale à tenter de détruire l’autre, elle peut nourrir votre propre reconstruction et épanouissement.

Investir dans sa guérison : entreprendre un travail thérapeutique avec un professionnel spécialisé dans les violences psychologiques et les relations toxiques permet de comprendre les mécanismes qui vous ont rendu vulnérable, de traiter les traumatismes subis et de reconstruire une estime de soi solide. Les relations toxiques avec un pervers narcissique constituent en soi un véritable traumatisme avec de nombreuses répercussions chez les victimes.

Se reconnecter à ses besoins authentiques : la relation avec un manipulateur conduit souvent à perdre de vue ses propres désirs, besoins et limites. La reconstruction passe par un processus de redécouverte de soi, loin de la définition imposée par le regard toxique de l’autre.

Cultiver des relations saines : s’entourer de personnes bienveillantes qui valorisent la réciprocité, le respect et l’authenticité. Ces nouvelles relations constituent à la fois un espace de guérison et une école pour réapprendre les codes d’interactions équilibrées.

Réaliser ses projets : identifier ce qui compte vraiment pour vous et mobiliser votre énergie pour l’accomplir. Qu’il s’agisse de projets professionnels, créatifs, sportifs ou personnels, chaque réalisation contribue à reconstruire un sentiment de compétence et de valeur personnelle.

Cette redirection ne doit pas se faire dans l’optique de « lui prouver » quoi que ce soit. Il ne s’agit pas de vous faire belle pour qu’il vous regrette, ni d’afficher votre bonheur sur les réseaux sociaux pour qu’il le voie. Il s’agit d’un travail authentique et profond, fait pour vous et pour vous seule. La véritable guérison sera atteinte lorsque vous vous ficheriez royalement qu’il soit au courant ou non de votre évolution.

La transmutation de la douleur en sagesse

Le stade ultime de la guérison survient lorsqu’on parvient à transformer cette expérience traumatisante en une source de croissance personnelle. Sans jamais minimiser la souffrance endurée ni excuser les comportements toxiques subis, il devient possible, avec le temps et le travail thérapeutique, de tirer de cette épreuve des enseignements précieux.

Développer une meilleure connaissance de soi : comprendre quels besoins non satisfaits ou quelles blessures antérieures vous ont rendu vulnérable à ce type de relation. Cette prise de conscience permet d’éviter de reproduire le schéma à l’avenir et de choisir des partenaires plus sains.

Renforcer ses limites personnelles : apprendre à identifier plus rapidement les comportements toxiques, à exprimer ses besoins clairement et à maintenir ses frontières psychologiques face aux tentatives de manipulation.

Cultiver la compassion envers soi-même : se pardonner d’être resté dans cette relation, de ne pas avoir vu les signes plus tôt, ou d’avoir cru aux promesses de changement. Cette auto-compassion constitue un antidote puissant à la honte et à l’autodépréciation souvent ressenties par les victimes.

Éprouver même une forme de gratitude : cela peut sembler paradoxal, mais certaines personnes parviennent, après un long travail de reconstruction, à ressentir une certaine reconnaissance pour l’élan phénomène qui accompagne la sortie de l’emprise. Cette pulsion de vie, initialement associée au désir de vengeance, peut être transcendée en une énergie créatrice extraordinaire.

L’accompagnement professionnel : un levier indispensable

Sortir de l’emprise d’un pervers narcissique et résister à la tentation de la vengeance nécessite souvent un soutien professionnel adapté. Sur le plan psychologique, un thérapeute spécialisé dans les traumatismes relationnels peut vous guider dans ce processus de reconstruction.

Sur le plan juridique, particulièrement dans le contexte d’une séparation ou d’un divorce, il est essentiel de s’entourer de professionnels qui comprennent les spécificités de ces situations. Les manipulateurs excellent dans l’instrumentalisation des procédures judiciaires, transformant chaque audience en une opportunité de poursuivre le harcèlement et la déstabilisation.

Un accompagnement spécialisé permet de déjouer ces stratégies en maintenant les échanges strictement factuels et en anticipant les tentatives de manipulation. Il aide également à protéger vos intérêts et ceux de vos enfants sans pour autant tomber dans le piège de la guerre judiciaire vengeresse. L’objectif n’est pas de « gagner » contre lui, mais de sortir de cette relation avec un maximum de sérénité et de moyens pour reconstruire votre vie.

La collaboration entre un soutien psychologique et un accompagnement juridique stratégique crée un cadre protecteur qui facilite grandement la sortie de l’emprise et la résistance aux pulsions vengeresses. Elle permet de garder le cap sur ce qui compte vraiment : votre bien-être et votre avenir, plutôt que la destruction de votre ancien bourreau.


Conclusion : Choisir la vie plutôt que la revanche

Face à un pervers narcissique, la tentation de la vengeance est compréhensible, légitime dans son expression émotionnelle, mais fondamentalement contre-productive. Elle prolonge l’emprise, nourrit le manipulateur, consume votre énergie vitale et risque de vous faire franchir des lignes morales que vous regretterez.

La véritable victoire ne réside pas dans sa défaite, mais dans votre renaissance. Elle se trouve dans votre capacité à vous détacher complètement de lui, à reconstruire une vie riche et authentique, et à transformer cette expérience traumatisante en une source de force et de sagesse.

Comme le dit si justement le témoignage cité en introduction : « La vraie revanche, c’est la réussite. » Mais cette réussite doit être définie par vous seule, selon vos propres critères, et réalisée pour votre propre satisfaction, sans aucun égard pour l’opinion ou la conscience qu’en aura celui qui vous a fait du mal.

En choisissant cette voie, vous ne renoncez pas à la justice. Vous choisissez simplement une forme de justice bien plus profonde et durable : celle qui consiste à vous libérer définitivement de son emprise et à devenir pleinement vous-même. C’est le plus beau pied de nez que vous puissiez lui faire, et surtout, c’est le plus beau cadeau que vous puissiez vous offrir.


Sources et références

  • Racamier, P.-C. (1987). La Perversion narcissique. Approche psychanalytique de la perversion narcissique et de ses manifestations relationnelles.
  • Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), American Psychiatric Association. Critères diagnostiques du trouble de la personnalité narcissique.
  • Bonnet, G. Commentaires sur les travaux de Freud concernant la violence psychique et les mécanismes de vengeance dans les relations toxiques.
  • Freud, S. Travaux sur le narcissisme, la séduction originaire et la « réaction archaïque d’hostilité ».
  • Centre de Psychologie Intégrative – Documentation sur le trouble de la personnalité narcissique et la perversion narcissique (https://www.psychologie-integrative.com)
  • Pervers-narcissique.com – Ressources spécialisées sur la vengeance, les relations toxiques et le processus de reconstruction (https://www.pervers-narcissique.com)
  • La Clinique E-Santé – Articles sur la reconnaissance des pervers narcissiques et les stratégies de protection (https://www.la-clinique-e-sante.com)
  • Les Mots Positifs – Réflexions sur la vengeance dans les relations avec des pervers narcissiques (https://www.lesmotspositifs.com)
  • Manuel MSD – Documentation médicale professionnelle sur le trouble de la personnalité narcissique (https://www.msdmanuals.com)

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